Délire alcoolique [libre]

Il fallait l'avouer, au bout de sa deuxième journée ici, Hanawa se sentait à part dans ce pensionnat. Tous les élèves étaient tellement uniques dans leur genre que lui, qui se distinguait pourtant de tous dans sa ville natale, se sentait trop banal, noyé dans la foule et pour cela, il se sentait seul.

Généralement, c'est dans ces situations que Naori le bousculait qu'un coup d'épaule et le rassurait en lui disant que s'il était digne d'être son petit frère, c'est qu'il était unique.
Mais sa gentille Naori n'était pas là. Bien sûr, le brun lui avait déjà envoyé deux courriers, le premier expliquant la situation, parlant du lycée et ses banalités et l'autre parlant du malaise que le jeune garçon ressentait mais il n'avait encore eu aucune réponse. En même temps, les lettres avaient été envoyées la veille.

En attendant une réponse réconfortante de sa sœur, Hanawa avait décidé de prendre l'air pour se changer les idées.
Il était sorti de la léthargie dans laquelle il commençait à s'enfoncer et avait enfilé un jean coupe droite usé, d'où son fidèle carnet pendait au bout d'une chaîne et un marcel noir. Le jeune garçon allait sortir mais son reflet dans la glace l'arrêta. Il se contempla un moment, avant de secouer la tête d'un air désolé malgré son petit sourire en coin.

*C'est pas en te fringuant comme tout le monde que tu vas recommencer à te sentir unique mon pauvre gosse.*

C'est donc avec le moral un poil plus haut après cette petite pensée que Hanawa enfila un nombre impressionnant de bracelet multicolores à son poignet droit, ajouta une nouvelle chaine à son pantalon, glissa une ceinture argentée -appartenant à sa sœur et qu'il avait malencontreusement glissé dans sa valise- dans les passants de son jean, en arrachant un au passage et enfila un petit bonnet en laine orange pour une touche de orange.
Il vida une bouteille d'eau par la fenêtre pour ensuite la remplir d'un bon quart de vodka pur et il glissa ça dans un sac en toile crème qui pendait sur son flanc gauche.

Le brun se contempla à nouveau dans la glace et après avoir décoiffé sa franche noire, il se sourit, d'un joli sourire franc, et laissa échapper un faible"Tu déchires mec!"

Une fois les portes du pensionnat franchies, il sortit sa bouteille de sa besace, qui avait tout l'air d'une bouteille ordinaire et se mit à boire par petites mais régulières gorgées. Un sourire niais se glissa sur son visage quand il ressentit la brulure de l'alcool.

*Bouteille-euh, je t'aime! Bouteille-euh, je t'aime!*

Chantonnant légèrement au fil de ses pas, il ne se rendit même pas compte que, le temps de trouver un coin tranquille dans le parc, il avait finit la bouteille et qu'une rougeur s'était installée au niveau de ses pommettes.
Pour réussir à ranger sa bouteille, le brun dut s'arrêter sous prétexte que lorsqu'il marchait, son sac bougeait bien trop.

Une fois la bouteille vide dans sa besace, il tenta de reprendre sa route pour trouver un banc, sentant sa tête qui commençait à tourner. Mais, à peine il leva un pied pour le poser devant l'autre -oui, soûl peut être mais pas débile, il se rappelait comment marcher!- que ses fesses rencontrèrent la pelouse et la terre dure.

Le jeune garçon prit appui sur ses bras qu'il venait de poser derrière lui et bascula sa tête en arrière, éclatant de rire. Et alors qu'il riait à gorge déployée d'un rire d'enfant, bien que quelque chose sonnait étrangement dans son rire, ses bras lâchèrent et Hanawa se retrouva étendu sur le sol, les bras et les jambes en étoile. Cela le fit encore plus rire.
Rapidement cependant, son rire diminua pour laisser place à quelques larmes.

Le brun se redressa rapidement pour savoir en tailleur, ce qui lui donna un mal de crâne horrible mais qui ne le changea pas. Il chassa rageusement les petites larmes sur ses joues roses en souriant. Quand le garçon releva la tête, il remarqua que quelques personnes le fixaient étrangement: comme c'est pathétique, un gamin qui se soûle déjà. Certaines avaient un regard méchant car ce gamin bourré gâchait leur moment de détente.
Ses yeux occidentaux se plantèrent dans ceux de la personne qui lui faisait face. Son visage devient rapidement sérieux mais le regard du jeune homme trahissait l'incompréhension et le mal-être qui l'avait précédemment poussé à engloutir sa vodka.

"Qu'est ce que t'as, hein? Tu m'énerves hein, j'ai rien fait moi à la fin merde! Qu'est c'qui a alors? Pourquoi moi, tu l'sais ça?!"

Délire d'alcoolique pitoyable... Comme si cette personne, qui ne le connaissait même pas avait la raison à ses problèmes. Oubliant un long moment cette personne qu'il venait d'agresser verbalement, Hanawa se dit qu'il n'y avait que sa si chère, sa gentille sœur, celle qui ressemblait tout ou presque pour lui qui aurait su l'aider.
Il arracha une touffe d'herbe qu'il balança devant lui, jurant pour la première fois depuis bien longtemps contre sa sœur qui ne savait pas être là pour lui quand il fallait.